Tables rondes : le Cycle Faire de la bande dessinée

Méthodes traditionnelles et nouvelles manières

Si les pratiques traditionnelles persistent (la série, le récit d’aventure ou intime, etc), de nouvelles manières se développent. On évoquera une forme ancienne qui perdure à petit bruit, et on abordera deux nouvelles venues d’Asie, dont une digitale. Enfin, on s’étonnera devant une forme intemporelle, qui passe le plus souvent sous les écrans radars.

Le roman-photo, une des formes de la BD

[Salle 2] Samedi 3 décembre 2022 – 14h00 à 15h00

Né dans l’après-guerre, longtemps cantonné aux productions romantiques et dénué de considération, le roman-photo est, comme la bande dessinée, un art de raconter un récit à l’aide d’images. Les deux moyens d’expression possèdent chacun leurs propres caractéristiques et se sont côtoyés dans la revue Hara-Kiri puis dans Fluide Glacial. Depuis peu, le photo-roman connaît un regain d’intérêt, à l’exemple des récentes productions de Clémentine Mélois ou de Fab Caro. Les éditions Flblb, ont, quant à elles, déclaré « 2022, année roman-photo ! » pour fêter leurs vingt ans de travail éditorial en la matière. Leur catalogue propose aussi bien des œuvres originales (Grégory Jarry, Benoit Vidal, Julie Chapallaz, etc.) que des rééditions de Gébé ou de Jean Teulé. Comment les auteurs contemporains abordent-ils le roman-photo comme un champ possible de la création ? Quelles sont les passerelles avec la bande dessinée ? Quel avenir pour le roman-photo ? Cette table ronde trouvera un écho le dimanche 4 décembre, dans une rencontre du SoBD consacrée à la BD dans la presse féminine

Avec :

Jan BaetensProfesseur de l’université de Leuven, il a publié de nombreuses études, dont Pour le roman-photo (2017). Il est aussi l‘auteur d’un ciné-roman-photo.
Thomas Dupuis (Otto T.)Co-fondateurs des éditions Flblb, il milite activement pour la reconnaissance du roman-photo comme moyen d’expression à part entière.
Bruno LéandriÉcrivain et humoriste. Il est l’auteur de chroniques, nouvelles et photos-bande dessinée, notamment pour le magazine Fluide glacial depuis le numéro 5 en 1976.
Marius JouannyJournaliste spécialisé, il écrit pour de nombreux titres consacrés à la BD. Après un master bande dessinée, il a co-fondé avec d’anciens étudiants les éditions Azimut basées à Angoulême. Il y publie des fanzines en roman-photo.

Manfra et global manga : le manga fait des émules partout

[Salle 2] Samedi 3 décembre 2022 – 15h00 à 16h00

Depuis plusieurs décennies le « style manga » s’étend hors du Japon, en Asie et dans le monde. Au sein des deux autres courants majeurs de la bande dessinée, le comics d’expression anglophone et la BD franco-belge, de nombreux dessinateurs ont adopté un ou plusieurs des caractères formels dont on crédite généralement le manga. On parle ainsi, à l’échelle planétaire, de global manga, tandis que des néologismes ont été inventés pour désigner des formes locales : manfra, voire franga, pour les « mangas en français » ; OEL manga (original english-language manga) ou amerimanga. À partir de 1994, en deux phases, des titres divers ont trouvé leur public (Nomad, HK, Dofus, Maliki, Pink Diary, Dreamland, Radiant, etc.). Le manga et ses formes locales ont assurément pris la place de la littérature dessinée dominante pour les jeunes lecteurs. Qu’est-ce que ce « style manga » ? À quoi doit-il son succès mondial ? Le global manga est-il l’avenir de la BD ?

Avec :

Hervé BrientInformaticien et éditeur, il participe à plusieurs forums spécialisés dans la BD et le manga tels Mangaverse et Bulledair. Il a aussi rejoint en 2004 l’équipe qui a fait ressusciter sur internet le magazine MangaVoraces des éditions Tonkam. En 2008 il crée la revue sur la BD japonaise, "Manga 10 000 images". Il est aussi co-fondateur des éditions H.
Robin JollyConcepteur-rédacteur chez Glénat, puis éditeur de BD à compter de 2020, il est en charge du développement en BD des univers Ubisoft et développe parallèlement une ligne, plus personnelle, de récits de genre ou hybrides (BD/Manga) d’auteurs “nouvelle génération”.
Richard MarazanoEntré dans la BD au cours sous l’impulsion de Jean Giraud, c’est le scénariste de nombreuses bandes dessinées hybrides internationales réalisées avec des auteurs chinois ou vivant au Japon, il a reçu la médaille de bronze du meilleur manga international, délivrée par le ministre de la Culture du Japon.
Florian RubisCommissaire d‘exposition, journaliste, chercheur et auteur d’une biographie d’Hugo Pratt. Animateur de la table ronde.

Les banques de données de BD improbables

[Salle 2] Samedi 3 décembre 2022 – 16h00 à 17h00

Pour les amateurs et spécialistes de la BD, l’Internet évoque les BlogBD, les Webtoon ou encore les ScanTrad. Mais pas seulement. Les réseaux sociaux ont permis d’ouvrir des bibliothèques improbables, offrant l’opportunité d’en exhumer des titres totalement oubliés et fortement inattendus. Parmi ceux-ci, des albums de commande, parfois non signés, qui ont utilisé la bande dessinée comme moyen d’expression, pour aborder toutes sortes de sujets à des fins pédagogiques, promotionnelles ou didactiques. Certains auteurs se consacraient spécifiquement à ces productions déléguées. Ces albums, parfois diffusés à grande échelle et dont la valeur artistique n’était pas le critère principal, ont attiré la curiosité de certains spécialistes, qui leur ont donné une nouvelle visibilité. Cette table-ronde proposera une sélection de plusieurs de ces albums oubliés, glanée sur le net, les présentera et les commentera avec sérieux, mais non sans amusement.

Avec :

Benoît BaraleAuteur d‘une quinzaine de livres de bande dessinée parus aux éditions PLG, Groinge et Jarjille. Lauréat du prix Papiers Nickelés SoBD en 2019 pour son ouvrage, "La bande dessinée ou comment j’ai raté ma vie".
Jean-Paul JennequinAuteur, éditeur, traducteur, spécialiste de la small press anglo-saxone et animateur de la revue LGBT BD.
Philippe MorinEditeur, dirige les éditions PLG et notamment la collection Mémoire vive, consacrée aux études sur la bande dessinée.

Webtoon, webcomics et nouvelles bd numériques

[Salle 2] Samedi 3 décembre 2022 – 17h00 à 18h00

Le webtoon est l’une des formes actuellement les plus commentées de la bd numérique populaire. Plus précisément originaire de Corée du Sud, il serait une forme numérique du manhwa et doit son nom au lancement du format par la plateforme Daum webtoon (Kakao corp.) en 2003 puis repris par Naver. Né au tournant des années 2000, il jouit d’un succès comparable à celui du blog dans les espaces européens au même moment. Contraction de web et de cartoon, il s’agit essentiellement d’un nom qui renvoie à une diffusion particulière, sur une plateforme dédiée, et à un format typique de lecture de bandes dessinées de genres divers : romance (ou « drama »), fantastique (notamment le genre Isekai), le récit du quotidien (« tranches de vie ») et même érotique (appelé « NSFW » pour Not Safe For Work). Ils sont pour une grande part créés en Corée et traduits à travers le monde. Son format consiste à « scroller », faire défiler verticalement sur l’écran les images pour lire l’histoire. Trouvant son support de diffusion idéal sur le téléphone ou la tablette, sa popularité n’a fait que croître à l’aune de la démocratisation de ces technologies de poche. Le phénomène éditorial du webtoon a été remarqué depuis.

Gaëlle Kovaliv Elle mène actuellement une thèse sur les conditions de production et de réception des œuvres de bande dessinées nativement numériques francophones.
Wandrille LeroyAuteur de BD et formateur en Dessin d’expression et Création opérationnelle. Fondateur du festival berlinois Comics über Berlin.
Camille MartinezResponsable communication de piccoma Europe, elle travaille sur la popularisation de la bande dessinée asiatique et des nouveaux modes de lecture en France.
Irène Le Roy LadurieRédactrice en chef adjointe de Neuvième Art, sa thèse de doctorat porte sur thèse sur le motif de la caresse dans l‘écriture de l’érotisme en littérature et bande dessinée. Animatrice de la table ronde.